Escale à Perros-Guirec, à la découverte des côtes du Tregor

Écrit part Bastien

Pour ces vacances d’été, nos cœurs balançaient entre plusieurs options.  Cotentin normand, baie de Somme, Alsace ? Que nenni ! La question a été proprement réglée par un coup de fil imprévu : des amis nous invitent à passer un weekend dans leur nouveau chez eux en Bretagne, à Perros-Guirec.  Ni une, ni deux nous regardons une carte et ô merveille, la région promet de nous en mettre plein les yeux avec notamment la célèbre Côte de Granit Rose. Nous embarquerons donc début juin, pour une escapade en Côte d’Armor d’une semaine dans l’ancienne région administrative du Trégor. Les deux premiers jours se feront chez nos amis et la suite se passera sous la tente dans un super camping familial à Ploumanac’h !

Perros-Guirec la sainte

Perros-Guirec est le chef-lieu du département des Côtes d’Armor. Cette ville plutôt étalée, se situe dans un espace naturel protégé, entre landes côtières, chaos granitiques et océan. Son environnement assez atypique en fait un lieu très visité, ce qui a pour conséquence une vie essentiellement tournée autour du tourisme. Elle aurait même été élue meilleure station balnéaire de France, c’est wikipédia qui le dit. Après deux premiers jours chez nos amis on peut le constater in situ : malgré que l’on soit à peine au commencement du mois de juin, le touriste commence à pointer le bout de ses tongs. Néanmoins, les conditions doivent encore refroidir certaines ardeurs puisque nous avons passé l’essentiel de ce weekend dans un brouillard assez frisquet par moment, accompagné d’une grisaille générale. Durant ce premier contact avec les terres trégoriennes, nous avons visité le centre-ville, la zone portuaire et une des deux plages avec tout un pan de colline croulant sous les manoirs et petits châteaux secondaires. En contrebas,  la page de Trestraou accueille quelques baigneurs invétérés, la peau rougie par une eau fraîche et un vent taquin qui siffle à nos oreilles. Le ciel se dévoile un peu. Perros-Guirec est dans l’attente de la vague estivale qui la transformera en une cité portuaire grouillante d’activité.

Cap sur Trestel

Lundi matin nous nous sentons d’humeur à randonner à la fraîche. On a envie de tester un morceau du sentier des douaniers en partant vers l’Est, de Perros-Guirec à Trestel. On se réserve le côté Ouest pour la suite puisque on sait déjà qu’on va se faire plaisir avec la Côte de Granit Rose. Là, à 8h du matin, il fait frais, on a encore pas mal de brume et le ciel est lourd de nuages.  Parfait on évitera de suer. C’est parti pour 7h de marche aller-retour !

Le GR à cet endroit, se fractionne entre sentier côtier, chemins gravillonnés en bordure de route et quelques passages un peu dur où on randonne carrément sur le bitume. C’est assez plaisant puisque qu’au début on voit la ville céder la place à un sentier intimiste de campagne avec sur la gauche l’océan et sur la droite de belles parcelles forestière, des champs et de jolies maisons. Après un temps en forêt on grimpe sur une colline via une route en lacets (sympa le bitume et les voitures dans les virages) pour déboucher sur une magnifique plage de sable et de galets ! Là on est au niveau du Phare de Nantouar. Fini la route, on prend un sentier sablonneux qui longe la côte au plus près. Des rochers fractionnent la côte en plongeant sous l’eau : on imagine facilement la multitude de récifs que doivent éviter les petits bateaux de pêcheurs qu’on voit passer au loin.  Les plus gros hébergent des massifs compacts de fougères où j’ai eu la joie d’y récolter une tique. Oui, explorer tout et n’importe quoi est une mauvaise habitude. Une bonne occasion de se rappeler qu’il faut vraiment faire attention avec ce genre de chose quand on randonne. Au final, on n’aura pas croisé beaucoup de monde à part une joggeuse , un amateur d’oiseaux hollandais et un bouvier bernois curieux . Le paysage est beau, relaxant et le soleil se sera dévoilé au fur et à mesure de la journée.

Il est pas rose mon granit ?!

Le petit bourg de Ploumanac’h est surtout connu pour sa Côte de granit rose et forcément, quand on voit les photos, on a juste envie d’aller voir le phénomène ! Ce granit représente la base d’un très vieux massif montagneux formé par des éruptions volcaniques, le granit étant formé par du magma qui a lentement refroidi. Du fait de l’érosion des roches de ce massif, le granit s’est peu à peu révélé et c’est désormais lui qui est attaqué par les éléments. Sa couleur rose est due en majeure partie à la présence d’oxyde de fer dans la composition du granit.

Life in plastic, it’s fantastic !

Cette partie du sentier des douaniers est vraiment fréquentée. Au plus fort de la période touristique, ce sont des centaines de personnes chaque jour, qui foulent le sentier pour s’en mettre plein les mirettes. Ce phénomène a des conséquences prévisibles :  usure et piétinement du sol important,  déchets un peu partout et présence quasi-constante de personnes sur les sentiers. Le site est connu depuis un moment et par le passé, les autorités locales n’avaient pas spécialement anticipé l’effet du tourisme de masse. Le résultat a été des sols dégradés où la couverture végétale a laissé place à de la terre battue, ce qui a eu pour conséquence des paysages dégradés et une biodiversité en baisse.  C’est déplorable, mais l’Homme a souvent tendance à salir les plus belles pépites de notre planète. Heureusement, des mesures ont été prises pour une restauration écologique des milieux qui est en court depuis plus d’une dizaine d’années. Comme dans beaucoup de lieux en Bretagne, les sentiers sont soigneusement balisés et il est strictement interdit d’en sortir. Ce travail remarquable de nettoyage et d’entretien, est fait par les gardes côtes pour maintenir en état les sentiers et le littoral.

10 rochers que vous n’avez encore jamais vu

Alors oui, on a marché le long de cette côte et il n’y a rien à redire sur le paysage : vous n’avez jamais vu ça auparavant. Le chaos granitique donne sa pleine mesure un peu en retrait du sentier côtier, comme si un géant avait semé des galets titanesques . La végétation est magnifique avec cette bruyère violette, ces queues-de-lièvre indolentes sous la brise et il y a même des orchidées sauvages ! La côte elle-même constitue le spectacle principal puisqu’elle est essentiellement faite de granit rose, un phénomène minéral plutôt rare à voir. Le point d’orgue se trouve au niveau du Phare de Ploumanac’h, un mignon petit édifice servant à guider les navires entre les récifs. Les meilleurs moments ont été comme souvent : le matin à la fraîche avec une belle lumière avec personne sur le sentier et en fin de journée, où le granit rose le devient vraiment grâce au soleil couchant.

Les Sept-Iles, la classe à l’état sauvage

Si vous êtes fan de nature sauvage je vous le dis : foncez ! Cette réserve naturelle se trouve au large de Perros-Guirec, vous ne pourrez y aller qu’en bateau, que cela soit avec Armor Navigation ou avec une autre compagnie. La réserve se compose d’un chapelet d’îles plus ou moins grandes et d’un cortège de rochers ne se découvrant qu’à marrée basse pour certains. Protégée depuis 1912 à l’initiative de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), c’est un véritable refuge pour les oiseaux marins et quelques animaux comme les phoques. Justement, c’est dans ces îles que la LPO s’est créée en défendant pour la première fois la colonie de Macareux moines qui était chassée chaque année comme dans un ball-trap grandeur nature. Cet archipel est le seul site de nidification du Fous de Bassan en France, on peut aussi y trouver plusieurs espèces de goélands qui y nichent, des Cormorans, des Pingouins Tordas… un vrai paradis pour naturaliste ! Qui dit réserve naturelle dit règles de gestion. Il est donc interdit d’accoster sur l’archipel à l’exception de l’Île-aux-Moines, une île qui a connu l’homme il y a longtemps, notamment une confrérie de moine. Nous avons choisi de faire une croisière avec Armor Navigation, durant 2h30 dont 45 minutes d’escale sur l’’Île-aux-Moines. Inutile de dire qu’on en a eu plein la vue ! D’ailleurs le bateau avait des airs de 4×4 africain durant un safari, hérissé d’appareils photos. Clou du spectacle, le passage devant la Côte de granit rose en revenant au port. Trop bon !

Gravé dans la roche

Direction Plougrescant et la célèbre maison entre les rochers… Très connue, sûrement trop puisque les propriétaires actuels ont décidé de garer leur voiture devant pour décourager les photos. Les excès liés au tourisme de masse se font ici aussi sentir. C’est en ce lieu que se trouve le Gouffre, le seul qu’on peut toucher et voir de près sans tomber ! Nous avons décidé de découvrir ce lieu durant une après-midi car nous n’avions pas envie de rester trop longtemps sur place : il y avait déjà beaucoup de monde. Au menu une promenade en direction du Gouffre où on passe nonchalamment devant cette maison coincée entre deux énormes cailloux, puis un peu de sentier GR côté Est.  C’est tellement cliché qu’on fait mine de ne pas la voir elle, ni les flash des smartphones qui crépitent.  Le « gouffre » nous intrigue tout de suite puisqu’au lieu du puits sans fond infernal que je m’attendais à voir, nous nous retrouvons devant deux énormes masses minérales (encore) résonnantes du ressac de l’océan. Une petite plaque attire notre attention. Explication : le Gouffre est appelé ainsi car durant les tempêtes, l’océan frappe ces rochers et s’engouffre entre, ce qui produit un écho assez énorme, d’après les autochtones, leurs rappelant l’Enfer ! Pas mal. On fait le tour du propriétaire et c’est parti pour une ballade le long du GR.

La semaine s’achève avec la découverte du Gouffre et ses alentours. Un retour au camping en fin d’après-midi pour ranger notre matériel et on fête la fin de ces vacances avec un repas mémorable : un couscous royal ! Préparé par un traiteur local recommandé par les gérants du camping, ce couscous vaut le détour. Qui a dit que la Bretagne était le royaume des crêpes ?

Matériel photo utilisé
  • Fujifilm X-T1
  • Objectif XF 55-200mm
  • Objectif XF 14mm
  • Smartphone LG G4